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Cercle Français des Collectionneurs de Cartes Postales

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Les Conférences du CFCCP

Conférence le 10 décembre 2016 au cinéma La Clef
L'entreprise COMBIER présentée par Marc COMBIER

Un photographe bouillonnant d’idées et d’énergie.

Aujourd’hui les cartophiles aiment trouver ces cartes dites semi-modernes qui leur évoquent des lieux tels qu’ils les ont connus. Parmi les éditeurs/imprimeurs de ces cartes, CIM est l’un des plus connus. Le 10 décembre dernier, devant un parterre de près de 50 personnes, Marc Combier, l’un de ses fils, nous a conté l’histoire de son père Jean-Marie et de la stupéfiante ascension de cette entreprise.

Jean-Marie Combier est né en 1891 à Serrières, un village du Mâconnais dans une famille d'agriculteurs viticulteurs. Dès 1907, à 16 ans, il se lance comme photographe et remporte d’ailleurs un concours et un diplôme d’honneur ! On trouve encore de rares clichés des années antérieures à 1910 comme celui ci-contre représentant des célibataires ou conscrits de Leynes, village proche de Serrières. Déjà très entreprenant, J.-M. Combier a également un petit orchestre et anime des bals, des fêtes de conscrits, etc. où il noue de nombreuses relations.

Il fera ensuite un apprentissage de la photo professionnelle à la Clayette, et en 1911, on voit déjà des cartes où est indiqué Cl. Combier. A cette époque, J.-M. Combier prend des clichés dans des meetings aériens, il fixe des personnages dans leur village et immortalise divers événements de sa région.

En 1914, il termine son service militaire et s’installe à Mâcon. Mais la guerre éclate et l’envoie sur le front en tant qu’artilleur…

Pendant les temps d’accalmie, il sort son appareil : il photographie ses copains, fait les tirages on ne sait trop où et comment, et leur vend ensuite. Il prend des photos de la vie du camp, et même dans les tranchées. Il gardait les négatifs de cette époque dans son bureau. Et c’est bien plus tard que Marc Combier les découvrit. Dès la fin de la guerre, il sillonne le secteur où ont eu lieu les combats et en photographie les ruines pour en faire des cartes, ce qui lui permet de démarrer vraiment son entreprise. Tous les huit jours, il envoie des dizaines de cartes à imprimer à Nancy, Paris ou à Mâcon.

Vers 1922, il achète le bâtiment d’une ancienne pépinière Commerçon Faure à Mâcon, qui devient le siège de son commerce mais aussi sa demeure familiale.

Mais nous sommes déjà à la fin de l’âge d’or de la carte postale et il faut toute l’invention et le génie de l’entreprenant J.-M. Combier pour continuer et affirmer son développement. Il met en œuvre de nombreuses idées, parfois inattendues : ainsi exploite-t-il les photos des monuments aux morts en y ajoutant les noms des défunts, proposant aux maires des communes ses services. Il lance maintes opérations publicitaires avec prospectus et cartes postales, comme en témoigne celle pour Ducretet ou pour les mobiliers Simard. Il utilise le dos des cartes pour y reproduire des calendriers, des textes publicitaires… Et s’attire ainsi une clientèle d’hôtels, de commerces divers. Autre secteur qu’il investit : celui des spectacles, avec des artistes (de second plan) de cinéma, de cirque, des petites troupes itinérantes, des personnages atypiques, etc. Il leur propose des tarifs attractifs en supprimant les intermédiaires. A mesure que son commerce prend de l’ampleur, il fait appel à d’autres photographes. Il investit d’autres domaines encore tel le monde scolaire avec des photos individuelles, des photos de classe. Il écrit aux curés des paroisses pour proposer ses services au temps des communions. Jamais à cours d’invention, il se lance dans les cartes postales panoramiques, voire il crée un temps des bouteilles souvenir, qui déroulent des mignonnettes ! (1)

Dans les années 30, en partant de cartes en noir et blanc, il lance le procédé « photochrome » de luxe, imitant les autochromes, qui nous font sourire aujourd’hui, tant le résultat était dans l’ensemble « criard ». A noter que c’est en 1935 que la marque CIM (i.e. Combier Imprimeur Mâcon) apparaît.

La période de la guerre 39-45 laisse l’entreprise en sommeil. Mais après la guerre, ses activités reprennent de plus belle. Toujours intéressé par la couleur, il essaie le tirage bromure couleur véritable qui s’avère impossible à fabriquer. Puis toutes ces cartes dentelées en noir et blanc ou coloriées qui font la joie aujourd’hui des collectionneurs inondent le marché. Son équipe de photographes et de représentants (jusqu’à 40) sillonne en effet la France des villages. Lui-même ne photographie plus guère. Sur ses clichés, on y reconnaît sa voiture parfois laissée à l’évidence ici ou là devant l’objectif… Et puis en 1949, après avoir acheté un avion, puis deux, puis trois, il se lance dans la photographie aérienne, voulant constituer une collection CIM pour chaque commune de France. On estime qu’il remplira environ 90 % de cet objectif ! Il engage des duos de photographes-pilotes, avec tout particulièrement le pilote Jean Goizet, un vrai casse-cou qui s’approchera au plus près des lieux et qui finira par déclencher lui-même l’appareil photographique fixé sur l’avion ! finira par déclencher lui-même l’appareil photographique fixé sur l’avion !

On n’en finirait pas d’évoquer toutes les productions de J.-M. Combier : ses cartes ethniques, multivues, humoristiques avec ses animaux à bulle et ses légendes drolatiques, et puis toutes ces cartes anodines en apparence, comme les grandes cités de la banlieue parisienne, très recherchées aujourd’hui par les collectivités elles-mêmes !

Il s’éteint en 1968, laissant son épouse à la tête de l’entreprise qui devra faire face au déclin de la carte postale, mais aussi plusieurs millions de cartes postales à rechercher !

Propos recueillis par Danielle LACROIX

(1) Les mignonnettes sont des cartes de petit format : 9x14, 63x130, 63x105, selon les époques et les thèmes (Source : Dictionnaire de la Cartophilie, édition P. Armand.

A lire pour en savoir plus :
— Marc Combier : Un siècle de cartes postales : CIM, Combier imprimeur Mâcon. Préface de Serge Zeyons, Ed. Alternatives, 2005, 140 p. — Nicolas Meaux et Marc Combier (préf. Bertrand Tavernier, photogr. Jean Combier), Regard de soldat : La Grande Guerre vue par l'artilleur Jean Combier 1914-1918, Acropole Belfond, 2005, 207 p.

Remercions nos nombreux photographes qui ont mitraillé la conférence : Alain DEBARBOUILLE, Jacques GUIEUX, Danielle LACROIX, Ronald MATTATIA, Jean VEROT

Quelques photos de la conférence

Notre conférencier Marc COMBIER


Marc photographié par son frère


Une vue de la salle


Une autre vue de la salle


Marc en pleine action


Vue de la salle


Vue de la salle


Une vue de la salle


Une vue de la salle


Une vue de la salle


Marc répond aux nombreuses questions